Histoire de l’Eglise du Saint-Sépulcre

L’Eglise du Saint-Sépulcre est le site le plus important dans le monde du christianisme car son emplacement a été reconnu comme étant l’endroit où se sont déroulés la crucifixion, l’inhumation et la résurrection de Jésus-Christ. Il est important de comprendre que l’emplacement de l’Eglise du Saint-Sépulcre n’est pas fortuit. Au départ, à la place même de l’église actuelle, l’Empereur Hadrien avait fait construire un Temple romain pour la déesse Aphrodite et le dieu Jupiter. En 313, suite à l’Edit de Milan, le christianisme devient une religion autorisée sous l’Empire Romain mais ce n’est qu’en 324 qu’elle devient religion de l’empire sous l’Empereur Constantin. A partir de ce moment-là, on ne parle plus de période romaine mais de période byzantine.

C’est finalement en 325 que l’Eglise du Saint-Sépulcre sera construite pour la première fois sous ordre de la Reine Héléna, mère de l’Empereur Constantin à la place du Temple d’Aphrodite/ Jupiter qu’elle fait donc détruire. On trouve à ce jour des ruines de ce temple dans l’église Alexander Nievski qui se trouve dans la rue perpendiculaire à la place du Moristan. Cette église faisait partie de l’Eglise originelle du Saint-Sépulcre.

On peut trouver une représentation de l’Eglise du Saint-Sépulcre sur la Carte de Madaba (carte qui date de la fin du VIe siècle, plus vieille représentation cartographique de la Terre Sainte et de Jérusalem) dont une copie se trouve dans le cardo romain-byzantin dans le quartier juif de la vieille ville de Jérusalem.

En 614, les Perses sassanides (une des plus grandes puissances de l’Asie Occidentale pendant plus de 400 ans) attaquent Jérusalem et emportent avec eux la vraie croix sur laquelle le Christ a été crucifié. L’église est partiellement détruite puis restaurée sous Héraclius (610-641) qui ramène la vraie croix en 630.

En 1009, le Calife Fatimide Al-Hakim Bi-amr Allah ordonna la destruction de l’église. Finalement avec les années, les relations entre fatimides et byzantins s’améliorent permettant après 1027 la reconstruction de l’église du Saint-Sépulcre qui sera ensuite laissée entre les mains de l’Empereur byzantin Constantin IX Monomaque (1048). De fait, il exerce une sorte de protectorat sur les chrétiens en Terre Sainte. Cependant, cette nouvelle église du Saint-Sépulcre est plus petite de moitié que celle d’origine.

Rénovations de l’église par les croisés

Plus tard, les Croisés arrivent en Terre Sainte et effectueront plusieurs fois des rénovations ou reconstructions de l’église comme ce fut le cas avec Godefroy de Bouillon ou encore par Mélisandre Reine des Croisés en 1149.

Sous régence des Ayyoubides, Mamelouks et Ottomans, le site est resté intact mais son accès était contrôlé voir parfois inaccessible. Ainsi, les bâtiments qui constituent l’église du Saint-Sépulcre à ce jour sont ceux construits par les Croisés. Sous Saladin (Ayyoubide), l’accès au Saint-Sépulcre était quasiment impossible pour les chrétiens. Lorsqu’en 1291 les Mamelouks ont pris la ville, ils se sont considérés comme les propriétaires légaux du site. Plus tard, les Ottomans arrivent en Palestine et autorisent l’accès à l’église aux chrétiens. Ceux-ci contrôlent Constantinople depuis 1453 : les Sultans successifs considéraient le Patriarche de Constantinople comme étant le chef civil et religieux de tous les chrétiens d’Orient vivant dans leur empire (Jérusalem en faisant parti).

Parenthèse : le nom Palestine est donné par l’Empereur romain Hadrien à la province romaine de Judée qui faisait partie du Royaume d’Israël avant le schisme entre les tribus juives (royaume d’Israël et royaume de Judée) et juste après la révolte de Bar Kohba après 135 pour humilier les juifs : le nom “palestine” vient du mot “Philistin” qui est le nom d’un peuple qui a fait des ravages sur les populations juives quelques siècles plus tôt. Le nom Palestine redeviendra Israël seulement en 1948 lors de la proclamation de la Déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël.

Bien que l’église ne fut plus détruite par les dirigeants successifs, elle a été à plusieurs reprises touchée par des incendies (1808 et 1949) et tremblement de terre (1927) obligeant une restauration sur l’ensemble du site. Ainsi en 1959, les représentants des 3 principales communautés arrivent à un accord pour un projet commun de restauration de la Basilique.

Une église pour 6 communautés chrétiennes

Aujourd’hui, l’église du Saint-Sépulcre est répartie entre 6 églises :

  • 3 occupants principaux qui ont droits de possession et d’usage : les latins, grecs-orthodoxes et arméniens.
  • 3 occupants secondaires qui n’ont que droit d’usage du site : syriaques, coptes et éthiopiens.

Les protestants eux n’ont aucune place à l’église du Saint- Sépulcre. Ils se rendent au Calvaire de Gordon qui se trouve au-dessus de La falaise du crâne : ce lieu est considéré par eux, comme étant celui où Jésus-Christ a été crucifié contrairement aux autres communautés chrétiennes qui ne reconnaissent uniquement que le Saint-Sépulcre comme lieu de crucifixion, mort et résurrection du Christ. A côté de La falaise du crâne, se trouve un site appelé “Tombe du Jardin” (גן הקבר – Gan Hakever en hébreu) où se trouverait la tombe de Joseph d’Arimathée dans laquelle il aurait mis Jésus-Christ après sa crucifixion, avant sa résurrection (évangiles).